- ‘Ia Ora Na Liz et merci d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions! Tu es donc une navigatrice un peu particulière puisque tu inspires une vie des plus authentique et engagée pour la planète – au travers des réseaux sociaux et de ton livre « Swell». Depuis quand navigues tu et qu’est ce qui t’a amené à adopter ce mode de vie?
“‘Ia ora na Jordane! Je navigue avec ma famille depuis que je suis toute petite. Je rêvais de voir le monde en voilier et de vivre une vie plus simple liée à la nature et à l’océan. Je me suis toujours soucié de la planète et je me suis senti confuse par la façon dont les humains modernes vivent si en désaccord avec notre environnement. Lorsque j’ai terminé mon diplôme en sciences de l’environnement à l’université, j’ai rencontré un professeur retraité dans mon domaine qui cherchait à donner son voilier à quelqu’un pour une longue aventure. Il avait 80 ans à l’époque et voulait vivre à travers le voyage de voile de quelqu’un. J’ai accepté et nous avons passé 3 ans à préparer le bateau à partir. En 2006, j’ai quitté la Californie en direction de Mexique, en Amérique centrale, puis dans le Pacifique Sud. En tant que freesurfer professionnel, j’ai pu financer mes voyages en écrivant, en prenant des photos et en travaillant avec différentes marques. Cela n’a pas toujours été facile mais j’ai adoré l’aventure, vivre près de l’océan et découvrir d’autres cultures.”
- J’imagine que l’aventure doit être incroyable oui! Toute cette liberté fait rêver. Cela est il difficile parfois de te procurer ce dont tu as besoin pour manger car j’ai cru comprendre que tu étais végétalienne?
En ce moment, je vis sur terre, je ne fais que des voyages en voilier de temps en temps, il est donc beaucoup plus facile de trouver des fruits et légumes frais. Quand je naviguais tout le temps, il était souvent difficile de garder des légumes et des fruits en mer, donc je devais souvent manger des conserves. Je suis lentement passé à un régime à base de plantes en 2012, quand j’ai réalisé que c’était plus sain pour la planète, pour mon corps et bien sûr pour les animaux. J’ai continué à manger du poisson dans des endroits où je sentais qu’il y avait une vie de poisson abondante et je mange encore du poisson parfois. J’ai changé mon alimentation en commençant par éliminer l’excès de sucre, les aliments transformés, puis la viande et enfin les produits laitiers et les œufs. Mon corps se sentait tellement mieux, et mon cœur se sentait mieux aussi sachant que je vivais en harmonie avec mes valeurs.
- Quelles sont les motivations qui t’ont amené à faire ces choix de vie : vivre sur un bateau, une vie simple près de la nature et de consommer différemment ?
Je me suis toujours senti motivé à faire le bien pour notre Mère Terre. Au cours de mon voyage, j’ai réalisé à quel point nous avons vraiment besoin de peu pour être heureux, et que mon style de vie plus simple et proche de la nature m’a donné tellement de satisfaction.
J’ai pu vivre ce grand rêve de naviguer et de découvrir le monde, et je suis tombé encore plus amoureux de notre planète.
Je me sentais dépassé et impuissant à lutter contre les énormes entreprises pétrochimiques et les gouvernements et le système capitaliste qui exige de prendre de plus en plus de la Terre sans penser aux conséquences pour les générations futures. J’ai décidé que j’essaierais au moins d’influencer un changement positif en commençant par moi-même. J’ai commencé à examiner mes habitudes et à essayer de faire mieux pour la planète avec mes choix personnels. Cela m’a amené à passer à un régime principalement local et à base de plantes, à passer à des shampooings et produits pour le corps non chimiques, à fabriquer mes propres produits de dentifrice et de nettoyage à domicile, à réduire ma consommation de plastique et à me demander toujours:
«Comment puis-je faire mieux pour la planète?»
- C’est très parlant tout ce que tu dis et donne beaucoup de sens à tes choix. As tu vu des choses au travers de tes voyages qui t’ont un peu choquée et donné envie de faire ce que tu fais aujourd’hui?
Oui. Rencontrer et vivre parmi les peuples des atolls des Tuamotu et des Kiribati m’a fait réaliser que ces gentilles personnes, profondément enracinées dans leurs îles d’origine, devront être déplacées lorsque le niveau de la mer montera – c’était une prise de conscience choquante pour moi, réalisant la moindre contribution au changement climatique, mais sera le plus affecté. Voir des kilomètres et des kilomètres de pollution plastique sur les côtés au vent de presque toutes les îles que j’ai visitées m’a choqué de comprendre la grave réalité de notre crise moderne de pollution plastique. J’ai également été invité à bord de plusieurs grands navires de pêche au thon qui extraient chaque jour des quantités insensées de thon des océans en utilisant une technologie de pointe qui ne laisse aucune chance au poisson. J’ai vu le corail blanchir et les populations de poissons diminuer.
Tout cela me donne envie de me battre plus fort et de faire plus pour réveiller les gens à ces réalités tristes et effrayantes.
Lizclark, navigatrice et surfeuse engagée pour la planète.
- Je me rappelle que nous nous étions rencontrés alors que tu allais amener des petits chiots abandonnés afin qu’ils soient adoptés ! J’avais trouvé cette démarque incroyablement bienveillante ! En te parlant aujourd’hui je vois quel degré d’engagement tu as et j’espère que plus de personnes iront dans ce sens! Quelles autres actions pratiques tu au quotidien qui vont dans la continuité de tes valeurs d’écologie et d’amour pour les animaux ?
Oui, vous m’avez sauvé en livrant l’un de vos incroyables bols pendant que j’attendais des heures sur le parking de l’aéroport pour enregistrer les chiots pour leur aventure vers leur nouvelle vie en Californie. Depuis que je me suis installé avec mon partenaire qui est de Huahine, j’ai voulu faire ce que je pouvais pour l’environnement et les animaux de notre communauté. La surpopulation de chiens sur notre île est un gros problème pour les chiens qui souffrent mais aussi à cause des impacts négatifs sur les personnes. Comme il y a tellement d’animaux qui ont besoin de bonnes maisons, nous avons décidé de lancer un programme de sauvetage des animaux et d’adoption à l’étranger en utilisant mes contacts en Californie. Avant COVID, nous avons pu envoyer 12 animaux dans de nouvelles maisons aux États-Unis, où ils sont maintenant heureux et aimés.
En 2019, mon partenaire et moi, ainsi qu’un groupe d’autres personnes locales avons décidé de créer une association pour le bien-être animal et l’environnement appelée A Ti’a Matairea. Depuis, nous travaillons dur sur les problèmes les plus urgents à Huahine, y compris un programme de stérilisation financièrement accessible pour les chiens et les chats, et des zones d’ancrage autour de l’île pour les voiliers afin qu’ils n’endommagent pas les écosystèmes coralliens avec leurs ancres. Nous travaillons actuellement avec les pêcheurs de l’île pour créer un programme Rahui plus robuste pour protéger les espèces marines et assurer la sécurité alimentaire.
Dans notre vie de tous les jours, nous faisons de notre mieux pour faire des choix écologiques–utiles à toute les espèces avec laquelle nous partageons la terre. Nous essayons de minimiser notre utilisation de plastique et notre production de déchets, et de traiter de manière responsable les déchets que nous produisons en recyclant et en construisant des «éco-briques». Nous plantons des arbres fruitiers et cultivons un jardin biologique. Mon partenaire mange également végétalien, à part le poisson qu’il attrape. Quand il a vu des vidéos d’élevage industriel d’animaux et comment les animaux sont traités, c’était une décision facile. Nous achetons également du shampoing solide et fabriquons notre dentifrice à partir de bicarbonate de soude, d’huile de coco et d’huile essentielle de menthe. Nous utilisons du vinaigre blanc et des huiles essentielles pour fabriquer des produits de nettoyage non toxiques. Et nous apportons nos propres bols si nous voulons des plats à emporter au boulot. Nous essayons de réparer ce que nous avons au lieu d’acheter quelque chose de nouveau. J’ai une petite machine à coudre pour réparer les vêtements et les faire durer plus longtemps. Nous faisons de notre mieux pour acheter des aliments issus de l’agriculture biologique et soutenons le retour à l’agriculture biologique en apprenant la permaculture et en construisant des sols sains. Nous avons un endroit pour faire du compost, en veillant à restituer les nutriments des déchets alimentaires dans le sol.
Nous aimons essayer de trouver de nouvelles façons de protéger le fenua.
Lizclark, navigatrice et surfeuse engagée pour la planète.
- Merci Liz de nous inspirer tant! Aurais tu une dernière chose à partager avec nous en terme d’écologie et de respect de l’environnement ?
Je pense qu’aimer et respecter la planète commence par se souvenir de votre lien personnel avec tous les êtres vivants. Ici, cela a beaucoup à voir avec le respect des valeurs traditionnelles tahitiennes envers la nature.
Peut-être que d’une certaine manière, nous devons regarder en arrière pour aller de l’avant.
Lizclark, navigatrice et surfeuse engagée pour la planète.
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